48 heures à Bruxelles

48 heures à Bruxelles

Du musée de la bande dessinée à la Waffle Factory, le royaume de la gaufre, tout en découvrant les chefs-d’œuvre Art nouveau de Victor Horta et les élégantes ruelles d’Ixelles… la capitale belge est la ville idéale pour des vacances familiales.

« Broussaille » (BD de Frank Pé), inaugurée en 1991, est la première fresque créée pour le parcours BD de Bruxelles.

« Broussaille » (BD de Frank Pé), inaugurée en 1991, est la première fresque créée pour le parcours BD de Bruxelles. JEAN-BAPTISTE RABOUAN / HEMIS.FR

Ce n’est ni la Bruxelles de Brel ni celle de Dick Annegarn que les enfants veulent découvrir. Mais celle des clichés : gaufres, frites et chocolat. Notre mission, partir en quête de cette adipeuse trinité. Tout en découvrant au passage, de l’architecture Art nouveau au 9eart, les autres merveilles de Bruxelles.

Jour 1

11 h 30 Chocolat Show

Avant de s’empiffrer, passons un tablier. Dans sa boutique du Mont des Arts, Laurent Gerbaud anime chaque samedi un atelier « fabrication de chocolat ». Plein d’humour et pédagogue, le chocolatier aide les enfants, armés d’un moule, à le passer sous le chocolat fondu, puis à racler avec une spatule pour former de petites tablettes. « Vous avez trois minutes pour garnir vos chocolats ! Après, ils seront trop froids. » Avec minutie, chacun décore ses œuvres d’amandes salées, de figues, de yuzu… Une demi-heure de chambre froide plus tard, les petits chocolats sont prêts à être emballés. Fierté.

« Alors, ça vous plaît ? Moi, j’ai commencé dans le sous-sol de ma grand-mère, je faisais refroidir le chocolat sur une table de ping-pong ! », raconte Laurent Gerbaud. On passe à la dégustation d’une dizaine de bouchées, de la plus industrielle à la plus raffinée. Le chocolatier, qui travaille sans additifs ni conservateurs, veut éduquer les palais au moins sucré. Verdict des moins de 10 ans en croquant dans une boule noisette-cajou-praliné : « Meilleur qu’un Ferrero Rocher. »

13 heures Panoramix

En sortant, on lève la tête devant une magnifique façade Art nouveau, de fer et de verre. L’ancien magasin Old England abrite aujourd’hui le Musée des instruments de musique. On peut remonter le temps entre les 7 000 pianos, violons et autres instruments médiévaux, ou simplement, sans billet, prendre l’ascenseur jusqu’au dixième étage pour avoir une vue panoramique sur Bruxelles. Restons sur le Mont des Arts pour déjeuner à Bozar, « le » lieu culturel phare de la capitale, dans un sublime monument signé Victor Horta, le maître belge de l’Art nouveau. Fauteuils verts en velours, lustres immenses, le café Victor est chic et feutré, pourtant les petits ne sont pas regardés comme des ovnis. « C’est normal qu’ils soient si gentils, les Belges ? »

14 h 30 A la recherche de Jeanneke-Pis

Jeanneke-Pis, la version féminine du Manneken-Pis
Jeanneke-Pis, la version féminine du Manneken-Pis ALAMY / HEMIS.FR

L’égalité femmes-hommes, ça se travaille. Au lieu de foncer classiquement rue de l’Etuve pour un selfie avec le Manneken-Pis, on s’aventure impasse de la Fidélité à la recherche de sa version féminine. Accroupie, la petite Jeanneke-Pis, en bronze, comme son homologue du XVIIe siècle, a été inaugurée en 1987, sur l’idée d’un restaurateur féministe. Les enfants aimeront aussi partir à la chasse du Zinneke-Pis, un chien levant la patte installé depuis 1999 à l’angle de la rue des Chartreux et de la rue du Vieux-Marché-aux-Grains.

16 heures Ixelles, ma belle

Le quartier des étangs à Ixelles.
Le quartier des étangs à Ixelles. ERIC HERCHAFT / REPORTERS / REA

Direction le sud de la ville et le quartier huppé d’Ixelles pour une pause goûter au Garage-à-Manger. Une caravane devenue cabane, des jouets, de grandes tables en bois et un fond de musique soul : les familles bruxelloises chérissent ce lieu. Pendant qu’on déguste un carrot cake, les petits trouvent leur bonheur chez Pêle-Mêle, la librairie attenante, spécialiste des livres et jeux d’occasion. A la nuit tombée, la balade dans la belle Ixelles est agréable, des ruelles bordées d’édifices Art nouveau aux étangs longés de maisons de maître aux intérieurs cossus. Sur l’animée place Saint-Boniface, les enfants se collent à la vitrine du Clan des Belges : « Je veux ces frites ! » Les meilleures jamais goûtées.

Jour 2

10 heures Faire des bulles

Les petits traînent des pieds ? On les fait chercher les murs et sculptures BD qui égaient la ville. Saluer Corto Maltese quai des Péniches, avant de tomber nez à nez avec l’Agent 15 de Quick et Flupke place Sainctelette, et de marcher jusqu’à Gaston Lagaffe, boulevard Pachéco, en haut de l’escalier qui mène au Centre belge de la BD.

Le bâtiment, ancien magasin de tissus dessiné par Victor Horta, est splendide, tout en arches, fer forgé et coursives. Lucky Luke et Jolly Jumper nous accueillent, près de la fusée de Tintin. L’exposition, didactique, explique l’envers de la BD, du scénario au crayonnage, planches et vidéos à l’appui ; les enfants préfèrent se cacher dans la maison champignon des Schtroumpfs, avant d’enchaîner les selfies dans l’espace Hergé. Après une razzia à la librairie, on peut lire sur de gros coussins dans la bibliothèque, libre d’accès pour qui a un ticket.

11 h 30 BD en 3D

C’est 500 mètres plus loin, au MOOF, que les petits plongent vraiment dans le 9e art. Sur la place du Marché-aux-Herbes, cette collection privée devenue musée en 2011 est une jungle de figurines et de décors reconstitués. Le saloon de Lucky Luke, le sol lunaire foulé par Tintin, Milou et Haddock, en cosmonautes… Puis les dessins prennent vie, à la télé ou en jeux vidéo. Sur de vieilles consoles, on part en quête de potion magique avec Astérix.« Pourquoi il est flou, Obélix ? », « C’était ça, Atari, mon chéri… »

13 h 30 Dans l’antre du brunch

Difficile de se douter que le long du boulevard Waterloo et ses boutiques de luxe se cache un lieu comme La Fabrique en ville. Il faut passer la grille du parc d’Egmont pour tomber sur ce restaurant lumineux, hébergé dans l’ancienne Orangerie, devenu l’antre du brunch « kids friendly ». A l’étage, un coin pour eux avec tableau noir et bureaux ; en bas, un buffet très copieux, avec salades originales, crêpes et œufs faits minute, ainsi que gâteaux (sans gluten) délicieux.

15 heures 9 atomes, 20 tubes

L’Atomium construit en 1958 pour l’Exposition universelle.
L’Atomium construit en 1958 pour l’Exposition universelle. JON ARNOLD IMAGES / HEMIS.FR

On s’attendait à une visite attrape-touristes. L’Atomium, bizarrerie construite en 1958 dans le parc du Heysel pour l’Exposition universelle, est digne d’un labyrinthe de science-fiction. L’ascenseur projette à la vitesse de la lumière (disent les enfants) dans la plus haute des neuf boules, à 92 mètres. « Avec le vent, elle peut tanguer légèrement », prévient la guide.

Une jolie expo permanente raconte l’attachement des Bruxellois à ce drôle de monument : le projet fou de l’ingénieur André Waterkeyn, qui a reproduit un cristal de fer et ses neuf atomes, grossi 165 milliards de fois, les ouvriers qui à l’époque travaillaient dans les airs sans sécurité, la rénovation au début des années 2000… Puis on pénètre dans les tubes sombres « comme dans un vaisseau spatial », en se laissant porter par des Escalator lumineux de plus de 30 mètres. Une des boules accueille un génial spectacle son et lumière de Visual System, une autre est transformée en hôtel pour scolaires, avec des lits pour trois en forme… d’atomes.

17 heures Le goût des gaufres

En quittant l’Atomium qui clignote dans la nuit, impossible de passer devant le stade du Heysel sans un moment de (triste) transmission footballistique – en 1985, lors d’une finale de Ligue des champions, un muret s’effondra et tua 39 supporteurs… Par beau temps, un passage à Mini-Europe, où sont reproduits en miniature les grands monuments européens, aurait été le bienvenu. Mais la pluie nous fait choisir l’option gaufres. Retour au centre-ville, à Waffle Factory, recommandé la veille par Laurent Gerbaud. Un endroit aux airs de fast-food dans lequel on ne serait pas entré sinon. C’est en croquant dans la pâte de la célèbre pâtisserie bruxelloise, légère et croustillante, qu’on comprend qu’on tient une des meilleures « waffles » de la ville.

18 h 30 Et la lumière fut

La rue des Lombards et le quartier piétonnier autour de la Bourse s’animent. De ruelle en ruelle, nous voilà sur la Grand-Place, pile à l’heure pour découvrir le très beau « son et lumière » proposé chaque soir pendant les fêtes. En vert, blanc, doré, comme des aurores boréales, l’Hôtel de ville, la Maison du roi et celle des ducs de Brabant prennent des airs de châteaux de conte de fées. Personne ne s’est rendu compte que la fine bruine était devenue pluie. La magie de Noël ? Non, de Bruxelles.

Carnet de route

Notre journaliste a organisé son voyage avec l’aide de l’office du tourisme Visit Brussels.

Y aller

Depuis Paris, Bruxelles est à 1h20 en Thalys, aller-retour à partir de 60 euros,
35 minutes depuis Lille, 3h40 heures depuis Lyon.

Se loger

Made in Louise est une ancienne maison de maître au cœur d’Ixelles, transformée en boutique-hôtel ultra cosy aux 48 chambres. La familiale, sous les toits, est spacieuse et douillette, tout en blanc et taupe. On aime le salon avec cheminée et cookies gratuits, la salle de billard, le petit déjeuner copieux, dans une pièce lumineuse donnant sur la cour intérieure. Chambre executive, 2 adultes, 2 enfants, à partir de 150 euros. Madeinlouise.com

Novotel Off Grand-Place, situé juste derrière la Grand-Place, dans des beaux bâtiments en briques rouges, est un hôtel quatre étoiles standard mais idéalement placé. Juste en face, la place du Marché-aux-Herbes est l’une des plus charmantes de la ville. Chambre double à partir de 110 euros. Accorhotels.com

Déjeuner, goûter, dîner

Houtsiplou. Brasserie belge à la déco BD ludique, burgers excellents !

Ballekes. Typiquement belge : de grosses boulettes de viande ou végétariennes avec cinq sauces au choix… et des frites, bien sûr.

Au clan des Belges. Place Saint-Boniface, à Ixelles, une brasserie chaleureuse, frites fraîches et plats roboratifs.

La Fabrique en ville. Un brunch à volonté à tomber, au cœur du parc d’Egmont.

Le Garage à manger. Idéal pour une pause goûter + librairie avec enfants, du côté d’Ixelles. (fermé définitivement)

Waffle factory. Le fast-food de la gaufre… de qualité ! Rue des Lombards

Maison Dandoy. Biscuiterie historique, spécialiste des excellents spéculoos et des gaufres. Rue au Beurre.

Chocolaterie Laurent Gerbaud. Non, les chocolats belges ne sont pas forcément gras et sucrés. Démonstration autour d’un atelier chocolat (35 euros par personne).

Visiter

Centre belge de la bande dessinée, adulte, 10 euros, – de 12 ans, 3,50 euros. Cbbd.be

Musée de la BD 3D (MOOF), adulte, 10 euros, – de 12 ans, 3 euros. Moofmuseum.be

Atomium, adulte, 15 euros, enfant de moins de 115 cm, gratuit. Atomium.be

Musée des enfants, un lieu où les 3-10 ans sont rois, et valsent d’atelier bricolage en séance de contes et de théâtre. Au cœur d’un grand parc avec jeux et tables de pique-nique. Enfant et adulte, 8 euros. Museedesenfants.be

Lien vers article : https://www.lemonde.fr/m-voyage/article/2019/01/04/48-heures-a-bruxelles_5404978_4497613.html